Vendredi 11 janvier, plus de 40 participants étaient présents au café-débat mensuel de l’association ECO-CHOIX à St Romain de Colbosc. Le thème choisi était : les pesticides . Le Docteur Jacky Maillard exposa les dangers reconnus occasionnés par les produits phyto-sanitaires que l’on inhale ou que l’on ingère dans l’alimentation et l’eau : cancers, leucémies, lymphomes, tumeurs cérébrales et troubles hormonaux chez l’enfant. Il pense qu’il faudrait une politique de prévention plutôt que d’agir trop tard, ce qui coûte aussi plus cher. Les pathologies se modifient et certaines maladies se développent. Ex : les cancers ont augmenté de 63 % sur la population générale. Ils se développent chez des gens de + en + jeunes : dès 30 ans pour le cancer du sein, 40 ans pour la prostate. Plus de tumeurs cérébrales chez l’enfant. Les lymphomes et les leucémies sont aussi multipliées par 3. Apparition d’anomalies hormonales chez le nourrisson . ( sur 1500 nourrissons on constate 2.7% d’anomalies génitales contre 5.4% sur les nourrissons d’agriculteurs ! et les agriculteurs sont aussi les + touchés par le cancer de l’estomac) Les pathologies dégénératives se multiplient aussi : Maladie d’Alzeimer, de Parkinson et sclérose en plaque . ( la maladie d’Alzeimer n’est pas une maladie de vieux mais due aux toxines qui se logent dans les graisses du cerveau ) Les pathologies vont croissantes dans un univers de + en + toxique.
Antoine Servain, représentant de la chambre de l’agriculture, indiquait que la MSA (Mutualité Sociale Agricole ) invitait les agriculteurs à prendre des précautions dans l’utilisation de ces produits( aussi bien pour les céréales que pour l’élevage ) .Il existe 900 molécules toxiques utilisées en agriculture. Il précisait aussi que de nombreuses mesures avaient été prises par les agriculteurs pour diminuer les doses de pesticides répandues sur les sols et qu’une baisse de 28% avait été constatée depuis 5 ans. Il est actuellement de + en + difficile d’homologuer de nouveaux produits toxiques. Les conditions d’application sont améliorées et les fréquences d’application sont diminuées. Il n’en reste pas moins, précisait Alain Cantais, président d’ECO-CHOIX que la France est le premier pays consommateur de pesticides à l’hectare au monde, que 9 rivières françaises sur 10 renferment des pesticides et que nos nappes phréatiques sont elles aussi contaminées pour très longtemps... C’est pourquoi le gouvernement, à l’issue du Grenelle de l’environnement, s’est fixé l’objectif de diminuer de 50 % l’usage de ces produits d’ici 2050. Les nombreux agriculteurs présents à ce débat dénoncèrent l’usage excessif des herbicides de certaines collectivités ( Mairies, DDE, SNCF... ) . Heureusement certaines municipalités ont décidé de ne plus recourir aux herbicides pour gérer leurs espaces verts. C’est le cas de la CODAH . Les particuliers aussi sont concernés car ils ont tendance à dépasser les doses indiquées sur les emballages d’herbicides pensant les rendre plus efficaces. C’est le contraire qui se passe pour les désherbants systémiques puisqu’en pulvérisant des doses trop fortes,le feuillage brûle et le produit n’atteint pas les racines ... Ce débat n’a pas éludé le problème des OGM ( Organismes Génétiquement Modifiés) . Certains agriculteurs regrettaient les mesures de précaution prises par le gouvernement. Des agriculteurs en BIOLOGIE, eux aussi présents à ce débat, ont exprimé leurs vives inquiétudes tant sur les OGM que sur les pesticides. Ils craignent que la culture biologique devienne impossible à cause des contaminations et préconisent un retour à des méthodes de culture plus respectueuses du sol, de l’environnement et des consommateurs. Des consommateurs, il en fut également question et ils ont leur part de responsabilité. Depuis 30 ans la part du budget des ménages consacrée à l’alimentation n’a fait que diminuer au profit d’autres biens de consommation ( loisirs, électro-ménager, habillement, informatique, téléphonie... ) . Pour les satisfaire, les grandes surfaces ont imposé à l’agro-alimentaire des denrées à bas prix au détriment de la qualité... Il faudra inverser cette tendance concluait Alain Cantais si l’on veut revenir à des pratiques agricoles qui respectent davantage notre santé, la biodiversité et notre environnement en diminuant l’usage des pesticides mais aussi des nitrates et des énergies fossiles. Il faut privilégier les produits locaux et rétablir les liens entre producteurs et consommateurs. Il faut aider l’agriculture biologique à se développer. Cela passera aussi par un éducation des consommateurs à choisir des produits de meilleure qualité.